Ne vous êtes-vous jamais demandé « mais comment sait-on que les grecs anciens demandaient leur avis à leurs Dieux pour toute décision à prendre? » ou bien encore « qu’est-ce-que Moulinàpoivres nous a concocté comme délice cette semaine ? » Pour la seconde question, et si vous êtes pressé de le savoir, vous trouverez la réponse ici et ici. Pour la première question, c’est simple, quelqu’un l’a écrit quelque part. Sans doute pas toujours dans l’intention de laisser des traces de sa civilisation dans l’histoire du monde, peut-être simplement pour raconter un truc plus important, mais certains petits détails de ces récits nous permettent de connaître un peu leur quotidien. Alors, bien sur, aujourd’hui, les personnes capables d’écrire sont un peu plus nombreuses qu’à cette époque, mais enfin, ça n’empêche pas le premier péquin venu de coucher sur le papier, ou sur l’écran, ses observations sur le monde qui l’entoure. Alors, en bonne péquine qui se respecte, (je sais, le féminin de péquin n’existe pas, mais ce n’est pas ma faute si les soldats de Napoléon insultaient les bourgeois et non leurs épouses…), je couche mes observations, et mes jugements aussi, à l’occasion, sur mon écran, suscitant un plus ou moins grand intérêt chez mes lecteurs qui ne demandaient qu’une petite recette de cuisine, les pauvres. Mon péché mignon, en dehors d’innombrables choses qui se mangent, étant le langage, ou plus précisément le français, je ne résiste pas au plaisir de souligner ici le dernier truc langagier qui me chiffonne. Les unités de mesure de surface se sont considérablement simplifiées ces derniers temps. Je sais, je suis architecte, mais si je ne l’étais pas, je me sentirais tout autant désolée de constater cet appauvrissement singulier de notre langue, véhiculé en premier lieu par nos amis journalistes, dont le maniement de la langue représente une part importante de leur métier, me semble-t-il. Saviez-vous que, d’après un reportage télé que je viens de voir, le glacier blanc, dans le massif des écrins, est aujourd’hui réduit (autre débat) à la taille de 1000 terrains de football ? Pas question de parler d’hectares, ni de m², trop compliqués à visualiser. Dans le même ordre d’idées, mais là, ça ne vient peut-être pas des journaleux, on ne peut pas tout leur mettre sur le dos, vous aurez sans doute remarqué que quatre-vingt-treize s’est transformé en neuf trois !
Mais diantre, pourquoi un souci de simplification ne serait-il pas louable ? me direz-vous (peut-être). Mais le danger est si grand de tomber dans le simplisme… Pourtant, la simplification seule n’est pas toujours la raison principale des nouvelles façons de parler, et, dans cet ordre d’idées, je ne m’explique pas l’usage abusif de la préposition « sur », en lieu et place de « à » (aller sur Paris, rester sur Rouen ») , ou en lieu et place de je ne sais même plus quoi, comme dans la formidable publicité que vous reconnaîtrez ici : « on est sur une vraie bonne nouvelle ». Notre langue est belle et bien vivante, on ne peut pas dire le contraire, c’est certain, elle évolue. Mais non, elle ne meurt pas, puisqu’elle se pare de nouveaux mots, sans cesse. Et n’allez pas croire que je trouve toujours ça désolant, comment rejeter un aussi joli mot que « courriel », par exemple ? Je trouve que « Tropézienne« , c’est assez joli aussi, mais « terrine de courgettes« , c’est pas top, mais étant donné que ce sont mes recettes du jour, je suis bien obligé de les inclure quelque part dans ce texte! J’essaierais bien volontiers de trouver un plus joli nom à ce plat , mais on ne saurait pas ce que c’est, à moins de lire toute la recette pour avoir une idée. Déjà que vous avez lu tout cet article…