Je sais, je vous ai délaissés depuis le confinement, mais, soyez honnêtes, je vous ai gâtés pendant ces deux mois, non ? et puis, voilà, le boulot reprend le dessus, les mille et une petites choses à faire, et le soir arrive, on est tout mou devant la télé et pffff, le temps passe. Et plus d’article dans le blog ! Damned ! Alors ce soir, puisque la vie (enfin, la vie, plus précisément la pancréatite aiguë) m’a amenée dans un de ces lieux qu’on aimerait mieux éviter, dans lesquels on n’a pas les moyens de payer des blouses aux personnels…. y’a qu’ici, des trucs pareils… je suis certaine que vous savez de quoi je parle, je digresse – je sais- donc puisque je suis là, j’ai un peu de temps pour m’occuper de vous mes gourmands.
J’ai donc passé 2 jours à dormir et 2 jours à faire euh, pas grand chose , enfermée dans ma chambre à la déco digne d’un hôtel d’autoroute, non, c’est pas sympa pour les hôtels. Devant la vacuité, que dis-je, le vide intersidéral du programme des chaines TNT, (j’ai essayé, je m’ennuie tellement que j’arrive pas à dormir, c’est vous dire), après l’engourdissement des mains qui tiennent le bouquin pendant des heures, et quand t’as de l’arthrose dans les doigts, le livre de poche, merci bien – faîtes un effort, les éditeurs, trouvez un système pour que les livres tiennent ouverts à la bonne page, quoi – ouais je digresse, et alors ?
Bon, du coup, cette inactivité liée à un bobo bien corsé même si bénin m’a imposé un repos, et du coup, j’ai la patate, maintenant. Est-ce l’effet du jeûne ? va savoir, je suis sure qu’il y en aura pour me dire oui. Je ne sais pas, c’est peut-être une euphorie transitoire, alors profitons en pour écrire deux ou trois vacheries, ça fait toujours du bien.
La dernière chose que j’avais avalé datait de vendredi matin, et c’était une tasse de thé. Alors comment vous dire ma joie de retrouver le contact charnel de la nourriture ce matin (nous sommes mardi). En premier lieu, d’une simple boisson, je n’ai nul besoin de disserter sur le bonheur intense que procure l’eau dans une bouche assoiffée, vous le connaissez tous. Ce fut mon premier bonheur ce matin, peut-être mon allégresse vient-elle de là ? Comme quoi, sachons apprécier le moindre plaisir, n’est-il pas ?
Le deuxième plaisir est arrivé avec la tasse de thé, qui, à ma grande surprise, était plutôt bon, à moins que l’indulgence ne soit étroitement liée à l’allégresse ?
La troisième satisfaction (on ne va pas parler de plaisir, faut pas dec..) est arrivé à l’heure du déjeuner, qui l’eut cru ? Le père, peut-être…. (le père l’eusses-tu-cru ?) avec deux bols d’un bouillon qui m’a procuré une sensation que j’ai le privilège de ne pas connaître très souvent, à savoir -assouvir une vraie faim)
Mon indispensable et bien aimé mari, qui me rendait visite (il a la faiblesse d’avoir besoin de me voir) et dont le palais en pleine période de non-jeûne était moins indulgent que le mien, a goûté le dit bouillon et n’a eu qu’un mot : vous vous en doutez, dégueul…
Je dois vous avouer que le jus d’orange du goûter m’a semblé un peu fade, pourquoi ?
J’attendais déjà avec une grande impatience le dîner au cours duquel je devais me délecter de quelque chose de solide. Je vous mets la photo, parce que je suis certaine que personne n’aura deviné ce qu’on m’a servi, tant l’originalité s’y fait sentir :

avec un petit mot de l’équipe de cuisiniers qui te souhaitent un bon appétit. Voilà.
Ces gens-là sont encore vivants pour une seule raison : leurs clients sont malades et pas en état d’aller les voir. Ne me parlez pas de budget, en quantité, je pense que la compote est moins chère même si elle est préparée par 2 personnes sur place. Pour le goût par contre… et je sais qu’il y a maintenant une grosse proportion de gens qui préfèrent ces trucs là à la vrai compote. tristes habitudes.
Le yaourt nature sucré, je ne savais même pas que ça existait encore, ce truc là. Quand je vois la longueur du rayon des « natures » au supermarché, je me dis que le/la chef cuisto ne fait pas les courses, qu’il envoie toujours sa femme (ou son mari, oui).
Alors tout ça, il est possible que je me trompe, c’est peut-être uniquement budgétaire, d’accord, peut-être. Et je ne suis même pas dans un hôpital public, je suis dans une clinique privée.
Mais il y a quand même un truc que je dois dire : lorsque la veille, on s’est vu enfoncer un tuyau d’arrosage dans la bouche pour aller voir dedans, qu’on vous y a défoncé la gorge et que vous vous êtes mordu la lèvre pendant l’anesthésie, arriver à mâcher et avaler le pain qu’on vous sert relève de l’exploit. Mais non d’un chien, où trouvez-vous ce p— de pain ?
Comment est-il possible que la fameuse baguette française soit encore connue dans le monde entier ? Je voudrais bien voir les retours de plateaux de chambres, pour compter les restes de pain !
Et j’ai mangé le mien… J’avais faim. Comme les autres.
Alors, je sais pas, moi, aidez moi ! faîtes quelque chose ! envoyez le lien de mon blog (page « pain trop facile et trop bon ») à tous les cuisiniers d’hôpital ! ça s’appelle des cuisiniers, ces gens là ? pas des « nourrices »?
PS : j’ai rien contre les nounous, hein ! c’est dans le sens étymologique.